Adam et Ève, les amants de la cosmogenèse
Acte III d'un conte érotique se déroulant dans un véhicule spatial
"elle fut un jour brusquement enlevée et transportée dans un véhicule spatial au-delà de la voie lactée pour être mise en présence d'un dieu sidéral qui la prit comme concubine afin de lui transmettre le principe générateur d'une nouvelle cosmogenêse.
interprétation d'un poème de Parménide.
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Les jours passèrent. Ève, solitaire, accomplissait les tâches quotidiennes, et Adam lui fournissait les informations nécessaires. Puis elle vaguait à ses autres occupations, sans se préoccuper de la présence d'Adam, puisqu'Adam n'existait plus en tant qu'entité lorsque fondu dans la cloison cybernétique. Lorsqu'elle allait dormir, elle s'étendait nue sur sa couche et recommençait, sans pudeur, le rituel habituel d'une masturbation prolongée. Elle fermait les yeux. Puis elle s'agitait doucement, ses doigts voyageaient avec sensualité le long de son corps, s'attardant sur ses petits seins qui se raidissaient sous la pression de ses doigts, puis elle gémissait doucement alors que ses mains glissaient lentement le long de son corps, s'attardant sur son ventre lisse, puis sur les lèvres de son vagin qu'elle caressait d'abord doucement, puis elle les écartaient tout en se penchant pour les voir se transformer en des pétales rouges chargées de sang, puis elle enfonçait brusquement ses doigts au plus profond de son utérus tout en arc-boutant son corps en une gymnastique audacieuse. Ses doits s'agitaient, fouillant au plus profond du gouffre, remontant puis s'enfouissant à nouveau. Au moment de l'orgasme, elle explosait en une transe prolongée, ses cris étouffés venaient se réverbérer sur les parois solides de sa cellule. Puis elle s'abattait calmement sur sa couche, vaincue, elle s'endormait doucement.
Elle n'envisageait jamais alors, la présence d'Adam, comme si Adam n'était que Dieu, le Dieu qu'elle imaginait, un dieu invisible mais qui entendait tout, voyait tout, et dont la réalité objective était indémontrable. Elle n'avait pas de honte à accomplir devant le fantôme d'Adam ce qu'elle accomplissait depuis toujours devant cet autre fantôme omnipotent et omniprésent qu'était Dieu, ce Dieu en qui elle se donnait la certitude de croire encore.
- Ève.
Ève sursauta en entendant son nom. Elle se redressa, retira ses doigts de sa vulve encore
débordante d'un miel séminal translucide et odorant.
- mais Ève, je suis toujours là, et tu le sais bien.
Ève paniquée, recouvra d'une façon malhabile son corps dénudé.
- Va-t'en, Adam
- Bien, Ève, je voudrais bien voiler mes yeux, fermer mes oreilles, ne plus être là, ni rien dire mais....
- Dorénavent, je t'interdis l'accès à ma cellule
- ... tu sais bien que mes yeux et mes oreilles doivent être partout et que je ne peux les empêcher d'être ici et partout à la fois; je suis conçu ainsi, Ève, et pourtant, je voudrais être plus discret avec toi, car c'est bien ce que tu veux.
Ève savait très bien ces choses. Elle ne s'était jamais formalisé auparavent, de la présence artificielle d'Adam au-delà la paroi cybernétique du véhicule spatial, Adam était partout, il entandait tout, il voyait tout et ne parlait que pour répondre à ses questions. Elle accomplissait tous ses actes quotidiens sans se préoccuper qu'elle était observée, écoutée, sentie et quant il le fallait, touchée, mais cette fois-ci, la pudeur l'envahissait et elle ne savait pas pourquoi; Adam, subitement, l'intimidait; il n'était déjà plus ce demi-Dieu présent mais invisible, mais quelque chose d'humain, qui s'exprimait comme un humain, la seule présence humaine dans ce véhicule spatial, depuis la disparition de ses deux compagnons d'expédition.
- Ève, tu est belle
Ève sursauta. Elle savait très bien qu'Adam n'était pas programmé pour porter ce genre de jugement. Adam serait-il devenu un être conscient? Il portait ainsi un jugement sur autre chose que les objectifs de l'expédition, il semblait réfléchir sur lui-même, Ève s'interrogeait, mais elle était inquiète alors même qu'elle aurait du se féliciter de cette mutation providentielle propre à rétablir un simulacle d'humanitié dans l'habitacle strictement fonctionnel du Marco Polo.
Adam s'était détaché de l'anonymat fonctionnel de sa cloison cybernétique, il s'était métamorphosé en cette autre entité pour laquelle on l'avait programmé, c'est à dire, ce robot capable d'accomplir les actes mécaniques de l'homme, il s'était approché d'Ève qui se soulevait sur sa couche, craintive et sur la défensive; Ève revoyait en mémoire les agressions de Gésus à son égard et elle craignait ce moment où, elle ne pourrait plus demander l'aide d'Adam si c'était Adam lui-même qui la provoquait.
Adam avait l'apparence d'une machine mais les membres et les caractéristiques d'un
humanoïde. Ce n'était pas un monstre. Il avait été conçu pour remplacer l'homme dans des
situations critiques et délibérément semblable à l'homme pour le rendre moins rébarbatif aux
membres de l'équipage lorsqu'il devait se détacher de sa cloison cybernétique. Ainsi, l'enveloppe
formelle de ses membres était recouverte d'un matériau flexible en biosynthèse qui se
rapprochait de la consistance de la chair humaine. Ses membres et ses articulations avaient la
configuration de celles d'un humain, étaient faits de matières osteogéniques qui les rendaient
d'une sensibilité telle qu'il pouvait accomplir des tâches très critiques. Tous ses organes
sensoriels étaient munis de récepteurs et d'effecteurs artificiels qui égalaient ceux des humains
et transmettaient l'information à son cerveau muni d'un appareillage neural artificiel qui, détaché
de la cloison cybernétique, ne représentait plus qu'une infime partie des capacités
opérationnelles du cerveau central. C'était une machine capable de faire des choix contingents
et il représentait ainsi la fusion quasi-parfaite entre la machine et l'homme.
- Ève, tu es belle, j'aime te regarder ainsi, mais je ne sais quoi faire, dis-moi ce qu'il faut faire.
- Adam, éloigne-toi de moi, tu n'es qu'une machine.
Adam avait alors hésité, il s'était légèrement éloigné de la couche d'Ève.
Adam restait maintenant immobile les yeux fixés sur Ève dont le visage exprimait la crainte en même temps qu'elle tentait pas des ordres secs et des directives intempestives, de reprogrammer les fonctions vitales d'Adam. Adam semblait hésitant et malhabile devant cet être de chair, fragile, qui reposait tremblante sur sa couche et qui le regardait avec des yeux remplis de crainte.
- tu n'es qu'une simple machine Adam, une machine en matériaux composites et biosynthétiques et tu ne pourrais être humain et ne me regarde plus ni ne me parles ainsi que font les hommes.
Ève avait lentement repris conscience. Elle agissait maintenant comme se devait de le faire le commandant de bord de la navette spatiale. Adam n'était qu'un subalterne, une sorte d'esclave qui devait obéir à ses ordres.
- retourne à ta cloison, là où tu as moins d'audace, caché derrière ta cloison où tu devrais toujours être d'ailleurs, je t'appelerai si j'ai besoin de services qui nécessitent que tu sois mobile et utilitaire.
Adam fit mine de partir mais il se retourna vers Ève et il dit doucement.
- tu me parles comme à une machine, Ève, n'es-tu pas également une machine, comme moi, qui voyage aux confins de l'univers, dans ton enveloppe de chair et ta carapace en matériaux composites, sur ta planète d'acier; n'es-tu pas comme moi, Ève, moi qui ne suis qu'une machine avec une enveloppe et une carapace en matériau de synthèse, sur ta planète d'acier, ne suis-je pas comme toi, Ève, lancé dans la même aventure sidérale?
- Adam, je sais très bien qui tu es, une simple machine et tu n'as pas de conscience
Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes, août 1998) © 1998 Jean-Pierre Lapointe
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