Le viol de la jeune fille warrior,
Acte I d'un conte érotique se déroulant durant une guerre civile hypothétique.



jeune fille warrior

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Elle est allongée près de moi, fragile, vulnérable. Je n'ai même plus la force de la baiser. Je la serre très fort comme pour me soulager des visions d'horreur qui meublent mon esprit. Je parle constamment, des mots qui ont peu de sens pour elle; et elle, qui n'est là que pour baiser, elle s'offre encore et toujours sans jamais comprendre tout à fait.

Je lui parle calmement, d'une voix presque éteinte; elle m'écoute, docile, comme si c'était des mots d'amour. Je lui parle, comme pour oublier, toutes ces images qui se bousculent dans ma tête.

jeune fille warrior
"Nous marchions dans la pinède, silencieux et inquiets. Les snippers étaient là tout autour, nous le savions, à l'affût du moindre bruit, ils tiraient sur une cible; la cible, c'était peut-être moi? Un copain s'est écrasé au sol, un de plus."

- Kiss me again, you seem so far away!

Je lui baise le front et je reste là un moment, un long moment qui suffit à la calmer et moi, j'ai toujours ces images qui se bousculent dans ma tête.

"Je n'avais même plus la force de réagir. Il était temps de dormir; pour cela il fallait atteindre le village d'Oka le plus rapidement possible."

"Je ressentais une grande tension en moi, cette trop longue expédition en territoire occupé par l'ennemi, à contourner les villages, les maisons, à éviter les femmes et les filles de l'ennemi, j'avais pourtant une grande envie de baiser. Et puis, je pensais à elle..."

- J'ai souvent pensé à toi, je souhaitais te tenir dans mes bras en essayant de dormir alors que l'ennemi se terrait là, tout près.

- I am with you now, you do what ever you want of me.
warrior et soldat
Et je la serre très fort dans mes bras. Elle se fait toute petite, comme si elle voulait être l'ennemie. J'oublie momentanément qu'elle est aussi l'ennemie.

Et je presse sa tête sur mon buste comme pour me faire pardonner une infidélité. Elle ne réagit pas, rien qu'une moue câline, et, elle relève la tête pour me regarder dans les yeux, elle me dit.

- You did make love, did you, like they all do?

Je pensais à autre chose:

"Le sol était jonché de corps: des miliciens touchés par des snippers, des femmes, des enfants, une guerre sale! Les guerres civiles sont les plus sales des guerres. Elles tuent par vengeance, une vengeance aveugle, alimentée par les médias, par les élites, par les préjugés nés de mémoires irréconciliables. Les victimes ne sont pas des étrangers anonymes, mais des voisins, des concitoyens, des amis, des frères, peut-être un ancien flirt, ou bien une fille que l'on aime toujours, toi peut-être que je pourrais aussi bien violer et sacrifier, qu'aimer et baiser."

- La violence est encore plus horrible lorsque tu connais l'ennemi.

- Viol, you said? Please rape me, I can live with that.

Elle ne saisit pas le sens des mots et elle se donne, elle s'offre, il me suffit de la prendre, elle se laisserait docilement violer. Je l'enveloppe de mes bras et je la serre violemment.

- Tell me how do you recognise the ennemy if he has not the color of the ennemy?
jeune fille indienne
Sa question me surprend. Elle n'a pas la couleur de l'ennemi mais elle parle la langue de l'ennemi, serait-elle également une ennemie que je me prépare à violer plutôt que baiser?

Et je lui réponds ainsi:

- Lorsqu'il parle, s'il a un accent, c'est sans doute un ennemi, ou l'amant de l'ennemi, ou sa fille, sa femme, s'il ne parle pas ma langue, c'est évidemment un ennemi.

- So I am your ennemy and I love it.

Elle se recroqueville alors sous moi et elle commence doucement à se lover.

- And if it was me, would you rape me?

Je ne réponds pas mais je continue mon récit.

"Nous avancions difficilement; je butais sur le corps mutilé et dénudé d'une femme jeune et qui me semblait très belle; violée, elle reposait là, derrière le tronc d'un pin centenaire, une baïonnette lui avait ouvert le ventre, transperçant son vagin, plantée là jusqu'au sol; attaché à la crosse du fusil et trônant fièrement, l'emblème du vainqueur, l'unifolié; sur son ventre dénudé, des mots écrits grossièrement, avec son propre sang: Dead frog."
jeune fille warrior
Elle ne bronche pas, je vois des larmes qui perlent sur ses paupières; elle me regarde comme s'il s'agissait d'elle. Je ne sais si j'aurai la force de raconter encore.

Puis elle m'embrasse doucement et elle me dit:

- Why did you go, why you?

"Je n'ai pas voulu ni souhaité cette guerre. Je n'avais aucune envie de défendre une cause qui ne me touchait guère. Pourtant, entre deux causes mauvaises, je devais choisir, j'ai choisi celle du plus faible, tout en sachant qu'elle était sans issue. J'ai choisi le camp des souverainistes pour ne pas être du camp du plus fort, celui des impérialistes arrogants. Je me sentais prêt, comme l'indien, à mourir pour défendre un territoire, non pas la soi-disant liberté d'un peuple mais un certain sens de ma propre liberté. Mais l'indien m'a trahi, tu le sais maintenant, lui qui a perdu la mémoire, il a choisi le camp du plus fort comme si Sitting Bull était mort pour rien."

"Nous traversions la pinède d'Oka, en essayant de rejoindre le secteur sous le contrôle des souverainistes. Notre incursion en territoire conquis n'avait pas été fructueuse. Mais nous craignions plus que tout les "warriors", plus habiles à la guerre que les "milices serbes" que nous pourchassions depuis des jours."

"J'essayais de comprendre ce qui animait ces miliciens du dimanche: une haine commune née de la conscience d'être les plus forts, d'avoir le support financier des Confédérés, ou celui tacite de l'Aigle américain, who knows?"

jeune fille warrior


"Chaque milicien portait un costume qui l'identifiait, une sorte d'étendard qui traduisait sa rancoeur, son quartier, sa religion, sa patrie d'origine, ses dogmes, son racisme: Westmounties, Sons of Eire, RoxBurrows, Hell's Angels, PointClair's milicia, BlackWash, Hampsteaders, Stars of David."

- They are my brothers. I am also jewish, don't you forget that?

Il ne s'agissait bien sûr, pas de cela.

"Nous entendions des bruits, tout près. Nous avancions avec une extrême prudence sachant que nous allions devoir engager le combat. L'effet de surprise nous favoriserait, mais nos forces étaient décimées, nos munitions limitées. Nous formions un arc de cercle autour du lieu d'où provenait le tumulte, nous étions prêts à attaquer."

Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes, septembre 1996) © 1996 Jean-Pierre Lapointe
Trame sonore empruntée aux archives du Web: Musique de Nirvana


ACTE II