Les métamorphoses de la geisha.
ACTE II d'un conte érotique se déroulant dans le Japon médiéval



maiko


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Ma compagne geisha interpelle la jeune et timide hangyoku, de petits commandements saccadés et les deux entreprennent un habile cérémonial pour m'inviter à prendre place, près de l'étrange bassine qui trône dans le coin de la pièce.

geiko

Alors commence, sous le regard amusé et coopératif de ma compagne geisha, un laborieux exercice qui consiste à purifier mes chairs souillées, ici et là, au cours de mes nombreuses pérégrinations, par ci par là, dans le vaste monde de perversions.

Après un minutieux lavage, je suis rapidement immergé dans une eau bouillonnante qui dégage de subtiles vapeurs odorantes; la jeune et jolie geiko se glisse discrètement dans le bac trop étroit. Mes sens s'agitent au contact de ce corps fluide et élastique qui coule doucement le long de mon corps. Mes scrupules d'occidental, alimentés aux sources d'une foi empreinte d'un pudeur féodale, n'arrivent pas à accepter que je devrai accomplir le okasu saishi avec cette fillette, qui pourrait être ma fille, sous le regard complice de cette autre femme avec laquelle je pratiquerais le aisuru avec tant de bonheur.

La jeune apprentie geisha glisse doucement sur ma chair nue les paumes de ses mains agiles; elle s'arrête avec application aux anfractuosités de mon corps, à la rencontre des articulations. Ma compagne geisha l'accompagne parfois de ses mains, tout en s'appliquant à ne pas asperger ses amples et élégants vêtements. Elle émet parfois, ce qui semble être des remarques espiègles qui font éclater la jeune maiko d'un rire timide, elle accompagne ainsi les mains de la belle atashi vers les parties intimes de mon corps. Je sens alors les doigts de la jeune apprentie, s'immobiliser sur mon sexe, puis, libérées de l'emprise des mains de ma compagne, soulever délicatement mon prépus et le manipuler doucement. Mon esprit est confus, je ne sais plus où se termine la manipulation hygiénique et où commence l'acte sexuel, mon sexe se gonfle démesurément sous l'impulsion des doigts de la jeune maiko. C'est ainsi, sous l'effet d'une éjaculation - un incontrôlable bibinkuru - que ma semence va se répandre sur ses petits yubi agiles, pour ensuite se mélanger aux parfums aromatiques qui surnagent, tant bien que mal, dans le liquide vaporeux de l'étroite bassine.

minchuku
maikosonseu

Ma compagne, en kan-geiko expérimentée, a tout compris; elle m'aide à sortir de l'eau, elle m'assèche avec une application empreinte de tendresse puis m'invite à m'allonger sur le tatami alors qu'elle s'agenouille près de moi, attentive et immobile. La jeune maiko entreprend alors de me masser. Les gestes sont les mêmes. Délicatement, elle parcourt mes chairs en s'attardant aux parties plus sensibles qu'elle semble repérer comme par magie. Elle s'y appuie plus longuement. Puis elle monte sur moi et entreprend de me piétiner. Je sens ses petits pieds délicats fouiller au plus profond de mes chairs, s'attarder aux anfractuosités osseuses, appuyer plus fortement à certains endroits. Elle s'agenouille sur mes flancs, y laisse glisser son corps élastique dans une gymnastique qui semble lui soutirer autant de plaisir qu'à moi. Puis de ses ashi agiles, elle vient coquinement manipuler mes organes génitaux avec la dextérité des doigts de sa main.

Elle abandonne cet entreprenant mais réconfortant exercice, sous le regard courroucé de ma kan-geiko qui m'invite à me retourner. Le même manège recommence et je la sens piétiner mon dos avec grâce jusqu'à l'épuisement de mes forces.

Puis la jeune kamuro nous quitte, en reculant respectueusement en direction de la paroi translucide, par une succession de courbettes et en émettant des petits cris empreints d'une subtile résignation.

kusari-no-makamuro
geisha

Avec l'aide de ma kan-geiko aux gestes attentifs, j'enfile un somptueux kimono, puis, d'inconfortables gata aux semelles de bois, qui me font perdre l'équilibre, générant ainsi les rires saccadés de ma compagne. Nous pénétrons dans l'immense oohiroma et nous nous joignons au groupe d'invités, toujours attablés à la grande table. Je suis reçu par ces hommes avec une certaine indifférence, comme si je faisais maintenant partie du groupe.

Je m'installe avec les autres hommes, autour de la table basse toujours encombrée d'objets hétéroclites: des plats laqués aux mets soigneusement agencés, les éventails jetés là, pêle-mêle, résultat d'un intriguant jeu de hasard, les vases remplis d'un saké fumant. Les évolutions rythmées des dociles geishas autour de la table, l'étrange mélodie du kuruuodori sortie d'un samisen délicatement joué par une kikado aux doigts agiles, la constante attention de la jeune et jolie maiko qui ne me quitte des yeux, épiant pour les satisfaire les moindres de mes gestes d'indécision, la lente kagura dansée par la voluptueuse tachikata; je goûte ainsi, pendant des heures inoubliables, au satori, cet état d'extase indéfinissable, sous le regard constant et approbateur de ma geisha.

D'étranges sons, provenant de la rue, attirent mon attention, insolites et hors du temps. Le murmure de la ville moderne n'existe plus, remplacé par des crissements de roues de bois sur la chaussée, des croassements humains inintelligibles, des pétarades pyrotechniques, des tambourinages sorties d'insolites taikos, des sons n'ayant aucune résonance connue à mon cerveau et qui m'attirent vers le ranma, cette fenêtre ajourée, là où plus tôt, les jolies et turbulentes geishas avaient réussi à m'attirer dans le confort de leur doux minchuku.

Atsuta à MiyaTokaïdo
Hiroshige

Mon auto-campeur n'est plus là, mystérieusement remplacé par un palanquin, un kago décoré de fins dessins; il est entouré d'un aréopage hétéroclite d'êtres étranges qui s'agitent dans tous les sens.

TokaïdoHiroshige
Mishima
TonjinOdenma
Seki

Nagoya a également disparue, là-bas à l'horizon, remplacée par une forêt profonde, d'où émerge la masse rouge du torii du temple d'Atsura, les longs étroits et encombrés sentiers de pierres, l'ombre impressionnante de la muraille du château et ses sombres donjons, les échoppes animées, les oriflammes colorés pointant vers le ciel, les lanternes translucides, les tentes aux dessins géométriques, les présentoirs à totorojirus, garnis de jijo des enfants dissipés et bruyants, les impassibles pèlerins aux chapeaux de paille pointus, les femmes aux kimonos fleuris juchées sur de hauts sabots de bois, les porteurs de palanquins lourdauds et dégoulinants de sueurs, les chevaux ployant sous de trop lourdes charges, les fagots portés par des coolies habiles, une longue procession de daimyôs, des femmes élégantes aux ombrelles de papier, des choguns hautains, des samuraïs en armes, et là plus bas, sous les fenêtres du honjin où je suis si bien, des geishas surexcitées qui essaient d'attirer les pèlerins trop pressés d'atteindre Ise ou Edo; est-ce bien là, Miya, l'ancien relais, le ton'ya encombré du Tôkaidô, et j'aurais été, à mon insu, transporté dans le temps?

Transporté dans le temps, transporté à l'époque Edo du Japon médiéval, cette scène d'un temps antérieur qui se déroule sous les fenêtres du honjin, les personnages qui s'agitent à l'intérieur du vaste hiroma où je me trouve présentement, les jolies geishas, les dévouées maikos, les invités rustres, tous ces personnages d'un autre temps et qui auraient participé à ce moment d'illumination, de satori, j'aurais été transporté dans le temps au moment de franchir la porte du reposant et invitant sumiya.

hiroma


Attentive à mon désarroi, ma kan-geiko s'approche et me réconforte, des mots que je ne comprends pas mais qui m'apaisent, des gestes tendres et délicats, des touchers d'une douce sensualité qui provoquent chez moi un incontrôlable désir charnel. Sans m'exprimer de mots, elle aura compris le message de mon coeur. Elle m'entraîne à nouveau le long des parois translucides.

Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes asiatiques, décembre 1998) © 1998 Jean-Pierre Lapointe
(En hommage à Hiroshige, Hokusai, Utamaro, aux geishas et au Japon)


ACTE III