Les yeux de SuYen
Acte I d'un conte érotique mettant en scène Hong Kong


fille de Chine

"........la mort des uns a plus de poids
que le mont Taichan, celle des autres
en a moins qu'une plume..................."

Sema Tsien.


(Ces pages sont destinées aux seules personnes qui s'engagent à en protéger l'accès aux mineurs et autres personnes non-averties en accord avec les lois de leurs pays.
Appuyez pour retourner à la page d'accueil.)

(La pleine jouissance de ce moment d'extase sexuelle est conditionnelle au chargement complet des images et des sons.)



Le train traverse à vive allure la campagne chinoise entre Kuangchou et Hong Kong. Des chantiers multiples viennent se greffer au paysage comme autant de blessures, des amorces d'infrastructures routières, des villes en gestation, les signes d'une expansion trop rapide et d'un concubinage avec Hong Kong, la belle et fière putain qui doit réintégrer le giron familial dès juillet de cette année.



La belle passagère assise sur la banquette d'en face doit elle aussi rentrer à Hong Kong. Ou comment laisserait-on une citoyenne chinoise s'évader ainsi par des voies aussi officielles sans risquer de ne plus la voir réintégrer l'immense prison chinoise fabriquée par ces ignobles penseurs du maoïsme. Cette belle passagère aux yeux bridés qui me rappelle, 30 ans après l'événement, ma rencontre avec SuYen.

Shenzhen
Le train traverse lentement la nouvelle, immense et insipide ville de Shenzhen, dédiée à la production manufacturière, née d'un modeste village qui n'apparaissait pas sur les cartes en ces temps, le train ne s'arrêtera pas à la frontière, il traversera imperturbable cette frontière autrefois inviolable.

Concession de Hong Kong
J'ai un serrement au coeur à l'idée de revoir Hong Kong et les lieux qui ont marqué ma rencontre avec SuYen. Et les yeux de la belle passagère chinoise viennent parfois se fixer aux miens comme si elle devinait mes pensées. Serait-elle la réincarnation de l'étrange SuYen dont le souvenir me hante, et que j'angoisse à l'idée de revoir les lieux de notre rencontre au fur et à mesure que le train s'enfonce dans les nouveaux territoires.

Nouveaux territoires
Je viens de traverser ce pays qui hantait mes pensées depuis 1968. Je contournais alors la Chine, par sa frontière Sud, essayant sans succès d'y pénétrer, du Pakistan, du Népal, de l'Inde, de Hong Kong, la Chine était alors inexorablement fermée. J'aurai mis trente ans avant de percer cette inviolable et mystérieuse frontière.


Garde-rouge A cette époque, la Chine était impénétrable. Les maoïstes n'avaient pas encore conquis Hong Kong et commençaient à peine à y installer leurs agitateurs professionnels à la Bank of China, au Chinese Emporium, au quotidien Drapeau Rouge ou à quelques autres institutions officielles. La paranoïa maoïste hantait les campus universitaires d'Occident. Des enfants gâtés soulevaient les pavés de Paris. Au-delà des nouveaux territoires, la révolution culturelle faisait des ravages culturels et sociaux que le temps n'arriverait jamais à réparer. Et les acteurs de cette inquisition planifiée, les anciens gardes rouges rencontrés au cours de mon périple en Chine n'osent aujourd'hui avouer qu'ils en ont été les témoins actifs.

Le train file à vive allure vers Hong Kong et je n'ai qu'effleuré au passage tout le mystère de cet immense pays comme celui de la belle passagère de la banquette d'en face qui ne cesse de me fixer de ses grands yeux en amande comme les yeux de SuYen, la belle et mystérieuse SuYen, et je pleure encore en pensant aux yeux de SuYen.



les yeux de SuYen




Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes asiatiques, mars 1997) © 1997 Jean-Pierre Lapointe
Photos de l'auteur prises en 1968 et 1996.


ACTE II