Le corps astral de l'indienne
Acte I d'un conte érotique de l'adolescence.


l'indienne

"Le Soleil est mon père"
"et la Terre est ma mère"
"dans son giron je reposerai."

Teccumseh, chef Shawnee.


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C'est déjà la nuit, la lune est pleine. Comme un phare puissant, elle transforme les obstacles en ombres fascinantes, des ombres qui s'agitent au niveau de mes yeux comme d'inquiétants ennemis. Je rampe ainsi sur le sol depuis des heures, à la recherche de ces mystérieux repères cachés ici et là et qui me mèneront, je l'espère au point ultime du rassemblement des membres de la troupe.

le masque indien
Le dernier repère indiquait une orientation de 0 degrés en direction Nord-sud, et une distance de 1050 pieds jusqu'au repère suivant. J'ai compté plus de 1000 pieds. Je dois être prudent, j'entends les coups de semonce des snipers au loin, pour d'autres fantassins sans doute; il suffirait d'une maladresse, d'un faux pas, l'envol d'un oiseau effarouché, le craquement d'une branche morte, une ombre qui s'agite, pour que les balles viennent crépiter autour de moi; ces snipers juchés dans les arbres, sur les collines ou derrière les obstacles et qui se déguisent en ombres sinistres là tout près. Tous mes gestes doivent être prémédités pour éviter le moindre signe de ma présence à cet endroit.

C'est l'un des nombreux exercices de mon entraînement au corps de génie des officiers de l'armée canadienne. Nous sommes au camp de Chilliwack dans la vallée de la Frazer, aux pieds des rocheuses canadiennes. L'entraînement est difficile, varié et dangereux. Nous sommes debout à 5 heures du matin, pour de futiles tâches domestiques, des exercices de drill sur le "parade square", des travaux pratiques à dynamiter des ponts ferroviaires, à viser au bazooka sur des tanks immobiles, à déminer le sol, et à ce jeu subtil qui consiste à ramper de repère en repère vers un point ultime, la nuit, en évitant les coups de semonce de snipers disposés ici et là sur le terrain, exercices laborieux sous la direction de sergents rudes et de caporaux gueulards qui ont pour tâche de vous débarrasser de toute humanité, ils mettent à l'épreuve votre témérité, votre orgueil, votre agilité et votre individualité. Nous apprenons à incendier, à dynamiter, à torturer, à tuer, à vaincre, à violer et quoi encore.

Ces longues journées de durs labeurs sont souvent récompensées le soir venu, de dragues amoureuses sur les bords de Cultus Lake avec des fillettes de la région, naïves nymphettes en chasse d'aventures puériles, à découvrir les secrets qui se cachent sous leurs corsages; des week-ends lubriques dans les théâtres burlesques de Seattle, à se masturber laborieusement en regardant le lent effeuillage de Lily Saint-Cyr et de ses "strip-teaseuses"; de longs congés agrémentés d'expéditions audacieuses sur les pentes abruptes des Skagit Range, les monts qui entourent la région; d'illustres beuveries entre hommes dans les tentes qui nous servent de dortoir.

Je pense à ces choses, à ces courts moments d'évasion et à ma mère pieuse et possessive, qui n'aurait pas apprécié les évasions perverses de mon esprit, ou me voir ainsi pendant que mon corps glisse lentement sur le sol irrégulier et accidenté, mon corps lourdement chargé d'un encombrant battledress et d'une arme au long canon prolongée d'une baïonnette; je la tiens des deux mains devant moi au bout de mes bras, et elle me sert à avancer, à garder l'équilibre, à me déplacer comme si je pagayais sur un canot lourdaud.

Pendant ce long cheminement, je pense a ce "french kiss" fouillant de ma langue au plus profond de son oesophage, et à cette incursion sous les fripes de Lynda, à caresser de mes mains fébriles ses petits seins naissants, à triturer son vagin non encore défloré; petite fille aventurière, là, derrière le comptoir du magasin général d'Agassiz, faisant l'apprentissage de ses premières incursions sexuelles avec l'un de ces salaces apprentis soldats, venus de l'est et parlant une langue étrangère, et qu'il faut éviter de fréquenter et que pourtant Lynda subjugue et déguste comme un fruit exotique; ce fruit pervers interdit par sa mère scrupuleuse et son père autoritaire; son père qu'on entend tripoter les boites de conserves dans la remise arrière, et qui pourrait surgir à tout moment dans la boutique; je la guide adroitement à manipuler le rigide bazooka en fusion qui s'échappe sournoisement de l'encolure de la fermeture-éclair de mon pantalon; je l'entends, petite biche aux abois, hululer d'étonnement à sentir le froid liquide qui gicle déjà hors de l'étroit fuseau et vient imprégner sa petite main figée d'étonnement.

l'indienne et le totem

(attention: image animée volumineuse)


Je pense à ces choses, courts moments d'évasion pendant que mon ventre s'égratigne et que mon pénis gonflé d'orgueil par ces pensées lubriques se mortifie sur les ronces et les pierres.



Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes érotiques, août 1998) © 1998 Jean-Pierre Lapointe


ACTE II