La nuit d'amour de la belle princesse Rajput.
Acte III d'un conte érotique se déroulant au Rajasthan.
les cerceaux de chanvre et d'os,
les bijoux incrustés de rubis et de diamants suspendus à de complexes
assemblages d'anneaux, des breloques qui pivotent sous l'appel de mes doigts
et sonnent comme de petites clochettes plaintives. Elle me regarde sans
comprendre, sans détacher les yeux, timide mais légèrement conquise, elle se
détend et se laisse aller doucement, petit animal apprivoisé ou astucieuse
courtisane.
Je la caresse doucement, sans précipiter mes gestes, lissant sa longue toison
d'ébène sous mes doigts impétueux frôlant les rondeurs de ses chairs cuivrées
des épaules jusqu'à la hanche,
je les laisse s'installer là sur ces appuis larges et confortables, comme d'anxieux instruments de conquête. Elle ne réagit pas, ses paupières s'abaissent légèrement, elle ouvre lentement la bouche, ses mains
s'appuient sur mes cuisses et elle se laisse glisser sur moi dans un geste de
complet abandon, j'entends les plaintes du lit à baldaquin qui trône au centre de
la vaste chambre du Jag Mandir.
comme un docile serviteur. J'arpentais son corps en habile voyageur réveillant en elle des frissons insoupçonnés.
Elle gémissait, se cambrait, se tortillait de plaisir, manipulait doucement
mon sexe, sans jamais laisser soupçonner son état de néophyte ou de courtisane expérimentée. L'explosion exacerbée du plaisir sexuel chez cette femme, ne laissait point
deviner qu'il exprimait des extases de novice ou des plaisirs savamment
entretenus par l'usage.

puis elle relia avec
application la fine chaînette d'argent qui partait de derrière son oreille gauche à
l'imposant anneau d'or incrusté de bijoux précieux qui transperçait sa narine,
elle fixa finalement avec grande application un curieux petit bijou en filigranne
qui pendait sur son front dégarni, elle était belle dans ses vêtements de jeune
mariée, c'était bien la jeune et jolie mariée Rajput.
portant les mêmes vêtements,
les mêmes bijoux précieux elle accompagnait mon hôte. Le prince me salua
affectueusement d'un namaskar en joignant entre elles les paumes de ses
mains. Elle n'avait pas levé les yeux sur moi.


Marco Polo ou le voyage imaginaire (Contes et légendes, 1998) © 1998 Jean-Pierre Lapointe
Trame sonore empruntée aux archives du Web: Shanghai de Jean-Michel Jarre