Chant XXXII du Paradis
La cour de l'Empyrée.
Ave Maria, gratia plena.
Affetto al suo piacer, quel contemplante libero officio di dottore assunse, e cominciò queste parole sante: «La piaga che Maria richiuse e unse, quella ch'è tanto bella da' suoi piedi è colei che l'aperse e che la punse. Ne l'ordine che fanno i terzi sedi, siede Rachel di sotto da costei con Beatrice, sì come tu vedi. Sarra e Rebecca, Iudìt e colei che fu bisava al cantor che per doglia del fallo disse 'Miserere mei',
Infuse d'une Joie extatique, Thérèse commença ces paroles saintes: "Vois Marie, au regard rempli de douleur, et la dame repentante à ses pieds, c'est Ève, si belle, avec qui, souviens-toi, tu as péché. Au-dessous d'elle sont assises, Isis, l'égale de Marie, Lucie et Judith et entre les deux, Jeanne d'Arc, ta fiancée bien-aimée. Sur le siège plus bas, vois Rébecca, la reine de Saba et Véronique, celle qui porte encore sur son sein l'empreinte du visage extasié de son divin Amant; un degré plus bas, sont assises la Kundalini, Ruth, Catherine Tékakouita, Sara et Rachel. Et encore un degré plus bas, vois les Muses, les Sirènes et la reine Guenièvre, ainsi que la charitable Marie-Madeleine, la dame aux camélias, la déesse Artémis aux multiples mamelles, Kumari, la vierge magnifique et maternelle, la reine Hatshepchut, Lakshmi et Pandore. Puis viennent des Apsaras aux généreuses poitrines; des amoureuses, Chimène, Galatée, Saphô, Cléopâtre et aussi Juliette; des beautés certaines: les Grâces et Aphrodite; des martyres: Iphygénie et Sainte Cécile. Tu peux les voir toutes aussi belles, alignées de degré en degré jusqu'au degré le plus bas, où se tiennent des Juives à la crinière noire, puis des Africaines à la peau toute noire, et des Asiatiques au regard oblique, des Geishas, pareilles à des fleurs fragiles; et combien d'autres Courtisanes, qui ont su soulager la fureur du mâle, et aussi celles dont tu as su reconnaître la vertu et déflorer à ton aise. Puis, tout autour de ce bel aréopage, assis à même le sol, et regardant vers Elles, des mâles pleins de convoitise, disposés en rond, dont des pères de toutes les églises, et des animistes convaincus, des apostats repentis et des prophètes comme Jésus et Mahomet ainsi que Don Kichote, Dali, Saint-Félicien et d'autres saints hommes, puis les disciples du Christ et du Bouddha ceux qui s'en remettent à Dieu, à Allah, à Yahweh ou à Çiva, puis Cupidon, Iméros, Orphée, et Roméo; des Satyres; Adonis, Pygmalion et j'en passe. Ils sont tous ainsi ordonnés et disposés sous le trône, selon des lois éternelles qui tiennent compte des faveurs rendues au Roi, ou qui répondent à la grâce dispensée par Le Roi, dans un ordre et sous une autorité sociale bien établie, de sorte qu'il n'y ait quiconque qui ait le libre arbitre de changer de degré, de penser ou d'agir à son compte ou à sa façon. Le Roi, par qui ce Paradis de la Solidarité Sociale repose en un tel amour et en de telles délices, manipule les esprits, crée les âmes et les dote, à son plaisir, d'allégresse fictive et de grâce factice, que nulle volonté n'ose en souhaiter davantage. Ici, qu'il te suffise de le savoir sans chercher à comprendre plus loin la raison des Choses. Mais voici que tu doutes et que tu te tais." Puis je regardai à nouveau Ma Reine, son visage était plein d'allégresse que j'en étais rempli d'admiration, et que rien d'autre ne m'offrait une telle image de Dieu que j'en étais ainsi disposé à me présenter à Lui. Et un bel ange descendit vers Elle, et il déploya ses longues ailes en chantant: "Ave Maria, gratia plena." Toute la cour répéta le cantique avec une ardeur telle, qu'ils en devinrent plus lumineux. "Ô ma très sainte Soeur! Quel est donc cet ange qui fixe ainsi les yeux de Notre Reine avec un Amour si passionné?" Et elle me répondit: "Celui que tu vois ainsi avec toute la grâce d'un ange ou d'une âme s'appelle l'Archange Gabriel, et c'est l'Amant de Marie, qui lui donna la palme sur terre, pendant que le fils de Dieu était occupé à porter le poids de ta propre chair. Mais ton extase fait fuir le temps. Levons donc les yeux vers le Premier Amour pour que tu pénètres, en regardant vers lui, dans toute sa splendeur. Mais en prenant ton envol, pour que tu ne recules point, il te faut prier et obtenir la grâce de Celle, qui seule peut te venir en aide. Suis-moi donc avec Amour, de sorte que ton coeur saisisse mes paroles." Et Elle me suggéra cette oraison:
Marco Polo ou le voyage imaginaire (La tragédie humaine, janvier 2000) © 1999 Jean-Pierre Lapointe
Theme musical: sonata de Boismortier, emprunté aux Classical Midi Archives.
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